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La sapologie, le culte du bon goût à Brazzaville ?

La sapologie - Brazzaville - The Men Times par Faubourg Saint Sulpice - Photo: Ruddy Roye
A Brazzaville au Congo, la « sapologie » (l’art de la sape) est, avant tout une religion pour les adeptes de la « sape » qui se conforment à leur propre perception des exigences de la haute couture. Au delà de leurs activités journalières, ils ont du goût pour des fringues griffées par des grands couturiers italiens, français, japonais… mondialement connus. Ce phénomène est depuis peu très bien installé à Paris.

La « sapologie », une légende bien réelle ?

D’après la légende, le mot « sape » aurait été inventé par le célèbre musicien congolais, Papa Wemba. Dans le dictionnaire, « sapé » est défini comme tel : habillé. En République démocratique du Congo (RDC) et au Congo-Brazzaville, le verbe « saper » signifie bien s’habiller, et le terme « sapologie » est traduite par Wikipedia comme « La société des ambianceurs et des personnes élégantes ».

Les Congolais ne se sont pas mis sans raison à se passionner pour les marques de haute couture et les vêtements de couleurs vives. Le phénomène de la sape puiserait ses racines de l’immigration portugaise en Afrique qui à l’époque de l’esclavage habillait l’aristocratie avec de la matière importée pour qu’elle se distingue du peuple.

De fil en aiguille, l’élite congolaise s’en est emparée notamment les musiciens, et enfin les Congolais lambda commencent à imiter leurs idoles pour eux aussi ne pas passer inaperçus et laisser une trace de leur existence sur terre avant de mourir. La mode de la « sape » est ainsi devenue une philosophie voire une religion pour certains sapeurs congolais de Paris.

Les codes de la « sapologie » mis en lumière 

Avec un code d’éthique strict, sa morale et son code de conduite, et même une série spécifique des Dix Commandements à suivre. le rôle du « sapeur » est à prendre avec le plus grand sérieux ; à commencer par la règle fondamentale qui est de ne jamais dépasser 3 couleurs à la fois et par tenue.

Costume coloré, cravate, noeud papillon et chaussures en crocodile, les « sapeurs » s’affirment à travers un dressing particulier à mi chemin entre l’extravagance et le dandy chic. Les « sapeurs » ont revisité la mode selon un certain rapport aux couleurs, aux matières. Pour eux pas question d’attendre les dimanches à l’église, les mariages, le culte de la « sape » rythme leur vie, leurs accoutrements démontrent une forme de rébellion.

Au Congo, les fêtes et des cérémonies funéraires constituent des lieux bien indiqués pour « s’affronter » : celui qui porte les vêtements et accessoires les plus onéreux de  grandes maisons de coutures (Masatomo, J3, Versace ou encore Prada) remporte le duel.  Les « sapologues » se procurent leurs vêtements dans de célèbres boutiques situées dans les grandes villes du pays, à l’exemple des derniers pantalons jeans Versace, qui ne coûtent pas moins de 100 euros. Les « sapeurs » se disent être très méticuleux en matière d’habillement et n’ont rien à envier des stars de la musique congolaise.

Dans son clip « Losing You », Solange Knowles (la soeur de Beyoncé) met à l’honneur la Sapologie.

De Brazzaville à Paris….

Arrivé à Château Rouge, dans le 18e arrondissement de Paris, tous les Congolais du quartier connaissent la boutique Connivences de The Bachelor, alias Jocelyn Armel, lui-même « sapeur » et responsable du magasin de vêtements haut de gamme de luxe spécialement conçus pour les amoureux de la « sape ». Ouvert le 30 juin 2005, le lieu est devenu le point de ralliement des Congolais de France qui viennent, de partout, s’approvisionner en costumes trois pièces aux couleurs chatoyantes ou encore en souliers de soirée de grandes marques. Oui, même à Paris, la mode de la « sape » est un phénomène.

Derrière la « sapologie » se cache une réalité déconcertante

Paradoxalement, beaucoup de « sapeurs » sont issus de familles misérables, et n’hésitent pas à se chausser en Weston ou encore Berluti, souliers d’une valeur minimum de 500 euros. Il n’est pas rare de voir un jeune « sapeur » frimé avec une veste particulièrement onéreuse, « Masatomo » dont les manches dominent quelque peu ses mains, en fredonnant un air de « Viva la musica ». Derrière la sapologie se cache donc un autre souci de couvrir sa misère en créant l’illusion d’une vie meilleure.

La sapologie - Brazzaville - The Men Times par Faubourg Saint Sulpice - Photo: Ruddy Roye La sapologie - Brazzaville - The Men Times par Faubourg Saint Sulpice - Photo: Ruddy Roye
En bref…

→   les Congolais lambda  imitent leurs idoles, il s’agit pour eux de ne pas passer inaperçus et laisser une trace de leur existence sur terre avant de mourir

→ Au Congo, les fêtes et des cérémonies funéraires constituent des lieux bien indiqués pour « s’affronter » : celui qui porte les vêtements et accessoires les plus onéreux de  grandes maisons de coutures (Masatomo, J3, Versace ou encore Prada) remporte le duel 

→ Beaucoup de « sapeurs » sont issus de familles misérables, et n’hésitent pas à se chausser en Weston ou encore Berluti, souliers d’une valeur minimum de 500 euros


Crédits: Ruddy Roye Photography


 

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